Le jaune et le noir by Tidiane-N Diaye

Le jaune et le noir by Tidiane-N Diaye

Auteur:Tidiane-N Diaye [Diaye, Tidiane-N]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française, Littérature Sénégalaise, Enquête
ISBN: 9782072491917
Google: dT0SusEgFNoC
Éditeur: Gallimard
Publié: 2013-05-05T22:00:00+00:00


L’offensive chinoise sur le continent est plus un facteur d’instabilité qu’une entreprise de développement. L’empire du Milieu a fortement contribué à alimenter les conflits par sa coopération militaire et ses ventes d’armes. Il est à l’origine non seulement de l’extension du conflit soudanais, mais aussi des troubles dans les régions frontalières entre le Tchad et le Centrafrique. Selon certaines estimations d’experts sur la question, la violence armée fait perdre à l’Afrique dix-huit milliards de dollars par an, soit à peu près le montant annuel de l’aide au développement pour l’ensemble du continent. La faible réglementation du commerce des armes — faille dans laquelle s’est engouffrée la Chine — freine le développement socio-économique de nombre de pays africains. Un conflit armé y entraîne généralement une baisse de l’activité économique d’environ 15 %. L’instabilité sociale, à quoi s’ajoute la criminalité qui en découle, décourage les investisseurs traditionnels. En Chine même, une politique répressive des médias, le contrôle de l’internet et l’encadrement des associations contestataires privent les ONG des relais et des moyens qui leur permettraient de dénoncer la responsabilité chinoise dans ces calamités que subit l’Afrique.

Régulièrement, l’empire du Milieu insinue que, si les pays occidentaux diabolisent ses activités sur le continent noir, c’est uniquement qu’ils cherchent à y freiner sa montée en puissance économique. Pour se donner bonne conscience, il fait croire que les puissantes ONG occidentales et leurs partenaires locaux sont à la solde de Washington. Et sans doute les critiques que les démocraties occidentales adressent à la Chine seraient-elles plus crédibles si elles s’appliquaient également à tous les États, et surtout à leurs alliés les plus douteux. Ce manque de cohérence, cette dissonance entre la rhétorique occidentale sur les droits de l’homme et certaine complaisance à l’égard de dictateurs « amis », ouvre un boulevard à la realpolitik chinoise. Plus profondément, au dire des plus éminents sinologues, le comportement politique de la Chine plongerait ses racines dans des préoccupations philosophiques anciennes. Les érudits mandarins de l’empire du Milieu ne croyaient pas que la nature obéisse à des lois. Les Chinois constatent le fonctionnement du monde, sans lui chercher d’explications causales ou mécanistes. De là viendrait que les Chinois aient la réputation, contrairement aux Occidentaux, d’être plus « empiriques » que « théoriques ». Pour la Chine, tenter de fonder des relations internationales sur un socle minimal de respect des droits de l’homme est illusoire. Ceux qui s’en réclament sont des naïfs ou des hypocrites. Aussi, lorsque ses intérêts économiques sont en jeu, s’accommode-t-elle parfaitement de « génocides ». C’est dans cette logique qu’elle a fortement œuvré en 2004 pour dénaturer la résolution 1567 du Conseil de sécurité des Nations unies sur le génocide du Darfour, que « même » George W. Bush dénonçait sans nuances.

Il en sera toujours ainsi : la Chine fera automatiquement — à la demande des autorités de « pays amis » — usage de son droit de veto contre tout projet de résolution du Conseil de sécurité des Nations unies qui condamne ouvertement des régimes prédateurs et criminels.



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